Tuol Seng, prison-musée du crime génocidaire des Khmers Rouges  
 

 

" Cette ancienne école construite par les français est devenue la prison la plus terrifiante du Cambodge. D'avril 1975 à janvier 1979, près de 20 000 personnes y sont passées, subissant les pires tortures avant d'être achevées par les Khmers rouges dans le camp d'extermination de Choeun Ek. Cette prison baptisée S-21 par les hommes de Pol Pot, n'est pas sans rappeler certains camps de concentration nazis. Mais l'horreur est plus fraîche encore ! Après avoir libéré les lieux, les Vietnamiens ont décidé de tout laisser en l'état pour témoigner des crimes du régime khmer rouge... Autant le savoir, la visite est proche du cauchemar. On en ressort complètement atterré, pour ne pas dire écoeuré. Mais c'est pour ainsi dire indispensable si l'on veut essayer de comprendre l'ampleur du traumatisme subi par le peuple cambodgien. Tuol Seng n'est pas le seul endroit où les Khmers rouges commirent leur atrocités (on ne les compte plus), mais c'est le meilleur exemple.

Dans la cour (auparavant de récréation !), la potence, juste a côté des tombes. A ses pieds, les jarres dans lesquelles on achevait les pendus, en les noyant. Les tombes sont celles des dernières victimes. 7 prisonniers seulement furent retrouvés vivants. Aucun n'a pu s'échapper. Le bâtiment de gauche servait pour les interrogatoires (entendez tortures). Dans chaque pièce, le lit sur lequel étaient attachés les prisonniers, avec les barres et les chaînes encore présentes. Les boîtes de munitions que l'on voient servaient de pots de chambre. Au murs, des photos éloquentes des suppliciés tels qu'ils furent retrouvés au moment de la libération de la ville. Remarquez les taches qui maculent le carrelage... Entre les cellules, lire la liste dessecurity regulations.

Dans le grand bâtiment contigu, la prison, transformée en musée. Les murs sont tapissés de photos de prisonniers. Les Khmers rouges avaient la manie de l'archivage et fichaient tous leurs détenus. Ces photos ont permis identifier la plupart des disparus : des médecins, des ingénieurs, beaucoup de profs, mais aussi des soldats vietnamiens, un journaliste australien, le personnel de l'ambassade de l'Inde, des moines bouddhistes et mêmes des chanteurs cambodgiens très connus à l'époque ! On remarque aussi que les "suspects" étaient arrêtés avec toute leur famille, y compris les enfants... Noter les déclarations quotidiennes des prisonniers. Les tortionnaires leur mettaient sous le nez des versions différentes des mêmes récits pour les accuser de mensonges. Il fallait absolument que les condamnés "avouent" : Douch, ancien instituteur devenu responsable le responsable de Tuol Seng, y tenait absolument. Ses 20 000 dossiers impeccablement tenus prouvent son côté maniaque. Le tortionnaire de Tuol Seng a été arrêté en 1999 par le gouvernement et devrait être jugé si le procès des Khmers rouges a lieu.

Dans la salle voisine, d'autres photos de prisonniers, morts sous la torture ! On y voit des centaines de portraits de jeunes filles, adultes et vieillards. La plupart ont d'étranges sourires, comme si la fin de leur supplice les avait soulagés. Vous pourrez difficilement oublier tous ces visages défigurés par l'horreur... Dans une autre bâtisse, les cellules individuelles, minuscules, construites à la hâte avec des briques pour pouvoir isoler les détenus. Les barbelés des balcons servaient à empêcher les suicides. Dans la salle du fond, portraits des dirigeants du camp et des bourreaux, presque tous exécutés par Pol Pot pour éviter qu'ils parlent. Plusieurs d'entre eux sont encore cachés à la frontière thaïlandaise, plus ou moins protégés par les autorités. Egalement des photos de l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh et de l'évacuation de la ville, ainsi que des différents camps de la mort disséminés dans le pays. Les peintures illustrent les diverses méthodes de torture : fouet, étouffement, arrachage des dents et des seins, utilisation de scorpions, etc. Elles ont été réalisées par l'un des sept survivants du camp S-21. Une des toiles est d'ailleurs un autoportrait dans sa cellule.

Dans le deuxième bâtiment, voir le buste de Pol Pot, barbouillé de graffiti vengeurs. Dans la dernière salle, une "oeuvre d'art" représente le territoire cambodgien après le régime des Khmers rouges : la terre est un amas de têtes de morts (véritables) et les fleuves ne sont plus qu'un flot de sang... A côté, quelques toiles sur la manière d'exterminer les enfants... "

 

extrait du Guide du Routard Laos Cambodge 2002 2003